Palestine : 10 raisons de croire au sentier d’Abraham
Imaginé par l’Université d’Harvard en 2004, le sentier d’Abraham relie l’Irak à la Palestine via la Turquie et la Syrie. S’appuyant à la fois sur les récits bibliques et les données archéologiques, parfois contradictoires, il permet aujourd’hui de découvrir la Palestine d’une façon inédite et bien éloignée de la carte postale. En 2014, le magazine américain National Geographic Traveller l’a classé dans le top 10 des « best new walking trails ».
#1 : La Palestine, c’est quoi (au juste) ?

L’arrivée sur le monastère de Mar Saba, au cours de la 4ème étape du Sentier d’Abraham. © Pierre Bigorgne
#2 : Abraham, c’est qui ?

A la mosquée d’Hébron, le tombeau d’Abraham, le grand patriarche (également visible depuis la synagogue). © Pierre Bigorne
#3 : Le sentier d’Abraham, c’est quoi ?

Vers le monastère de Mar Saba. A l’arrière-plan, la Mer Morte. © Pierre Bigorgne
Imaginé en 2004 par l’Université d’Harvard dans le cadre du projet « Abraham Path Initiative », soutenu par la Banque Mondiale qui a débloqué un budget de 2 millions de dollars, long (à terme) de 400 kilomètres et traversant quatre pays, le sentier d‘Abraham est moins un itinéraire spirituel (quoique…) et davantage une initiative visant à assurer le développement économique d’une région via un tourisme durable et engagé auprès des populations locales. Lorsqu’il a eu vent de l’initiative américaine, le Palestinien George Rishmawi, aujourd’hui directeur du projet, qui s’était déjà forgé une solide expérience avec le montage du « Nativity Trail » (de Nazareth à Bethléem), a d’emblée été séduit. « J’avais une bonne idée sur les sentiers et comment on pouvait les structurer. Surtout, nous bénéficions, avec le sentier d’Abraham – que nous abordons d’une façon laïque et non religieuse au sens strict – d’un capital à la fois patrimonial et culturel susceptible d’attirer les randonneurs du monde entier. Actuellement, le tourisme en Palestine se limite à une ou deux nuitées à Bethléem. En créant un itinéraire sur plusieurs jours, nous pouvons impliquer les collectivités locales et favoriser les rencontres directes avec les familles qui assurent les hébergements. L’échange culturel et le développement économique sont les maîtres-mots de notre projet ». Une association est montée, « Masar Ibrahim Al Khalil », soutenue financièrement par la coopération décentralisée française (8 collectivités hexagonales en coopération avec 8 collectivités palestiniennes et l’agence française de développement – AFD) et, techniquement, par les associations rhône-alpines Afrat et Tetraktys qui aideront à la structuration du sentier (balisage, formation des guides etc). Raed Sadeh, le président, conclue : « C’est notre terre, notre patrimoine que nous voulons défendre et développer. Les touristes seront les meilleurs de nos ambassadeurs. »
#4 : De Jéricho à Hébron, que voir ?

Au cœur du désert, le mausolée de Moïse, à Nabi Moussa. © Pierre Bigorgne
Pour les plus spirituels et religieux d’entre vous – mais pas seulement – la liste des lieux visités donne le tournis : Jéricho, l’église de la Nativité (où Jésus est né), le Saint-Sépulcre (où il est enterré), le mont des Tentations, Nabi Moussa (le mausolée de Moïse qui n’aura pourtant jamais mis les pieds en Palestine), les piscines de Salomon, le Tombeau des Patriarches (qui accueillerait les dépouilles d’Abraham et de Sarah mais aussi celles d’Adam et Eve) sont autant de sites devant lesquels il est impossible de rester de marbre. Ici, on a écrit l’Histoire, pour le meilleur et pour le pire… En chemin – ce dernier alterne entre champs d’oliviers, déserts et montagnes, un véritable « wilderness » palestinien – il sera aussi possible de découvrir les minuscules enclaves grecques qui abritent quelques-uns des plus beaux monastères orthodoxes au monde : édifiés dans la pierre, au fond des Wadi, ils surgissent tels des vaisseaux à l’architecture verticale qui subjugue la vision. A ne pas louper, le monastère Saint-Georges de Choziba et, plus encore, celui de Mar Saba dont la visite est néanmoins interdite aux femmes. A terme, une boucle est prévue vers Jérusalem, ville-monde et trois fois sainte.
#5 : Quels bénéfice pour les populations locales ?

Avec les femmes du camp de réfugiés d’Aqbat Jaber. © Pierre Bigorgne
L’idée des promoteurs du projet est de mettre en contact les randonneurs avec les populations locales. Ici, pas d’hôtels (on les trouve uniquement dans les grandes localités) mais d’avantage de guest houses montées par des fonds privés, municipaux ou associatifs, ou des chambres chez l’habitant avec qui vous partagerez falafels, humous à faire vaciller votre estomac ou Maklubeh (une sorte de couscous mais préparé avec du riz) et autres Sambousek (pâte fourrée aux épinards, mes préférés…). Avec un peu de chance, on vous servira en apéro de l’Arak (proche de notre Pastis national), de quoi commencer salamalecs et palabres avec votre hôte dont l’hospitalité est la première des vertus.
#6 : Randonner en Palestine, c’est dangereux ?

Réalité ou propagande ? A l’entrée des villages palestiniens, Israël avertit ses citoyens de la dangerosité de la zone. © Pierre Bigorgne
Vue de France, la question est naturellement légitime. Fidèle à sa ligne directrice de prudence maximum, le site “Conseils aux voyageurs” du Quai d’Orsay « déconseille sauf raison impérative de se rendre à Jérusalem et en Cisjordanie ». Sur le terrain, dès lors que vous avez franchi les multiples contrôles à l’aéroport de Tel-Aviv et les check-point à l’entrée de Jérusalem, la situation est pour le moins paradoxale : dans cette région où le conflit entre les communautés est latent, le sentiment de sécurité est en réalité à son niveau maximum ! En Palestine, où les structures familiales sont prégnantes, la délinquance n’est pas de mise. Finalement, seule la présence des blindés et des patrouilles israéliens rappelle que la paix n’est pas, encore, de mise.
#7 : Se rendre compte par soi-même d’un contexte géopolitique compliqué
Depuis la partition du pays – plus de 50 ans ! – la question Israël-Palestine divise, même si elle est aujourd’hui occultée par la montée en puissance des groupes fondamentalistes sous les bannières d’Al-Qaida et de Daesh qui lui ont volé la vedette. Seule la communauté internationale serait susceptible de faire évoluer la situation, mais elle a visiblement d‘autres chats à fouetter en ce bas monde. Au-delà des convictions personnelles de chacun – le droit pour Israël comme pour la Palestine d’avoir un Etat ou non, la nécessité que leurs citoyens puissent y vivre et travailler en sécurité… – rien n’est plus formateur et éclairant qu’un voyage sur place où vous constaterez par vous-mêmes les problématiques, les enjeux et les (maigres, il faut en convenir) perspectives. « Le sentier d‘Abraham n’est pas un projet politique rappelle George Rishmawi. Notre vocation, c’est d’abord la mise en contact et le développement local ». N’empêche, la question du retour des populations évacuées en 1948 dans les villes qui sont désormais israéliennes et la volonté de paix après des décennies de souffrance est sur toutes les langues. « Mon souhait le plus intime serait qu’à votre prochain voyage, je puisse vous accompagner à Jérusalem », indique Abdelkader Swelty, guide francophone à Hébron. Comme tous les Palestiniens de Cisjordanie qui ne possèdent pas de contrat de travail avec une entreprise israélienne, Abdelkader ne peut se rendre à la ville sainte, physiquement protégée par le mur : la « barrière de sécurité » pour les uns, le « Mur de l’Apartheid » pour les autres.
#8 Le sentier d’Abraham côté pratique
#9 Le sentier d’Abraham, du côté des agences françaises

A Jérusalem, le mur transformé en immense dazibao et lieu d’expression politico-artistique. © Pierre Bigorgne)
Au moment où vous lirez ces lignes, de nombreuses agences s’activent pour préparer des programmes qui reprendront, ou non, l’intégralité du sentier d’Abraham. Certaines imaginent des couplages avec Jérusalem (irrésistible), voire avec Israël (idéal si vous voulez recueillir les avis des deux côtés). Point Voyages, déjà très actif sur la destination, lancera dès cet automne toute une gamme de voyages en Palestine dont une rando de 8/10 jours sur l’intégralité du sentier pour un prix qui devrait tourner autour des 1 500 euros. En privé, Kevin Girard, le patron, fils spirituel de Maurice Freund, lorgne sur la possibilité d’ouvrir une liaison charter directe sur Ramallah. Inch’Allah. On surveillera également attentivement les propositions d’Arvel Voyages ou Amazigh Trekking. Terres d’Av proposera dès octobre un voyage de 9 jours ; la moitié consacrée à la rando sur le sentier d’Abraham et l’autre à la visite (à pied) de Bethléem, Jéricho, Jérusalem et Hébron au prix de 1 650 euros. Enfin, l’agence impliquée dans le tourisme durable et solidaire Terres des Andes a créé un nouveau comptoir “Les Nouvelles Terres” dans lequel elle propose des voyages pour la Palestine.
#10 Le sentier : infos pratiques, cartes, itinéraires…
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